La capitale de la République Centrafricaine a accueilli le deuxième Forum régional sur la lutte contre les discours de haine dans les médias d'Afrique centrale.
Bangui, la capitale de la République Centrafricaine, abrite depuis ce mardi 26 jusqu’au vendredi 29 avril, la deuxième phase du Forum régional de sensibilisation et de renforcement des capacités des médias sur la prévention des conflits liés aux discours de haine et la lutte contre ce phénomène en Afrique centrale.
Cette rencontre qui réuni les journalistes responsables des médias en ligne et des blogueurs de la sous-région de l’Afrique centrale se tient dans le cadre de la mise en œuvre du plan d’action des Nations Unies pour la lutte contre les discours de haine lancé le 18 juin 2019 par le Secrétaire général, Antonio Guterres.
Elle est organisée par le Bureau régional des Nations Unies pour l’Afrique centrale (UNOCA) et la Commission de la Communauté économique des Etats de l’Afrique centrale (CEEAC), en collaboration avec le Gouvernement centrafricain, la Mission Multidimensionnelle Intégrée des Nations Unies pour la Stabilisation en République Centrafricaine (MINUSCA), le Centre des Nations Unies pour les droits de l’homme et la démocratie en Afrique centrale (CNUDHD-AC), le Bureau conjoint des Nations Unies aux droits de l’homme en RDC (BCNUDH), la Mission des Nations Unies pour la stabilisation en République démocratique du Congo (MONUSCO) et le Bureau de l’UNESCO pour l’Afrique centrale.
Cette démarche part du constat que de plus en plus, on observe que des médias des pays d’Afrique centrale publient des informations ou diffusent des programmes faisant la promotion des discours haineux et manipulatoires ainsi que des propos incitant à la violence et très souvent basés sur des préjugés culturels et historiques. Conséquence : l’intolérance et la stigmatisation prennent des proportions inquiétantes, dans un contexte socio-politique déjà marqué par diverses crises dans certains pays couverts par le Bureau régional des Nations Unies pour l’Afrique centrale (UNOCA) et la Communauté économique des États de l’Afrique centrale (CEEAC). La place et le poids des réseaux sociaux amplifient ce phénomène. Ils rendent le discours de haine plus virulent que jamais, l’amplifiant et lui permettant de se déplacer plus rapidement et plus loin.
Deux allocutions ont marqué la cérémonie d’ouverture de ces travaux. D’abord le mot de circonstance prononcé au nom de toutes les entités des Nations Unies présentes à ces travaux, par la Représentante spéciale adjointe du Secrétaire général des Nations Unies pour la RCA (MINUSCA), Madame Denise BROWN, qui a salué l’implication du gouvernement centrafricain à ces assises organisées dans le cadre de la mise en œuvre du plan d’action des Nations Unies pour la lutte contre les discours de haine lancé le 18 juin 2019 par le Secrétaire général, Antonio Guterres. Car, selon elle, « les discours de haine est un ennemi de la population car ils fragilisent la paix et le développement ».
Dans son mot d’ouverture, le Ministre de la Communication et des Médias, Serge Ghislain DJORI, a fait savoir que le gouvernement et la communauté médiatique centrafricains sont heureux d’accueillir ce Forum dans ce pays post-conflit où les discours de haine fait rage au sein des communautés, malgré les efforts consentis par notamment la dotation d’un Plan national de lutte contre les discours de haine.
Serge Ghislain DJORI a en outre émis vœu de l’organisation d’une rencontre à l’intention des ministres de communication des pays de la sous-région de l’Afrique centrale sur cette thématique.
Au-delà des échanges des expériences et de la sensibilisation sur les outils onusiens et les dispositifs légaux relatifs aux discours de haine, le Forum de Bangui permettra aux participants venus notamment de l’Angola, le Burundi, le Cameroun, la République centrafricaine (RCA), le Congo, la République démocratique du Congo (RDC), le Gabon, de la Guinée équatoriale, le Rwanda, Sao Tome-et-Principe, et le Tchad, de s’engager collectivement à respecter les règles éthiques et déontologiques encadrant les publications en ligne. À cet égard, le Forum encouragera la mise en place de mécanismes de surveillance des contenus et de sanctions, y compris, le cas échéant, à travers des outils de régulation ou d’auto-régulation.
La création d’un observatoire chargé de « surveiller » les écarts déontologiques sera une démarche importante montrant la volonté des uns et des autres de prendre à bras le corps ce phénomène avec la détermination de l’extirper du champ médiatique et communicationnel.
Pour rappel, la première phase du Forum régional de sensibilisation et de renforcement des capacités des médias et des organes de régulation de la communication sur la prévention des conflits liés aux discours de haine et la lutte contre ce phénomène en Afrique centrale a eu lieu du 26 au 29 octobre 2021 à Douala, la capitale économique du Cameroun. Après quatre jours de travaux intenses et féconds, les participants à cette rencontre, notamment les journalistes membres d’organes professionnels des médias en Afrique centrale ont formulé des recommandations concrètes. La création d’une « plateforme des organisations des professionnels des médias pour la paix et le développement durable en Afrique centrale » participe de cette démarche.